Biographie - Carla Blanc

La chose est entendue: il n’y a rien de tel, pour révéler réellement qui l’on est, que d’enfiler un masque. S’il serait ainsi tentant, à première vue, d’envisager Carla Blanc, l’alter ego de Charles Lavoie, comme un stratagème permettant au musicien de se camoufler, c’est en réalité plutôt le contraire.

Charles Lavoie n’incarne jamais avec autant d’engagement qui il est profondément que lorsqu’il revêt les grisants atours de son personnage de scène, ce prince de la douceur, qui se love dans le temps long du désir, sur des rythmes hip-hop et r’n’b s’adressant autant aux bassins qu’aux âmes. Grâce à Carla Blanc, les distinctions classiques entre le charnel et le spirituel apparaissent soudainement pour ce qu’elles ont toujours été: artificielles.

Révélé au sein de la formation Dear Criminals, avec qui n’importe quelle salle, petite ou immense, devient rapidement aussi intime qu’une chambre à coucher, Charles Lavoie est passé maître dans l’art d’habiter pleinement chaque seconde que la musique lui offre en cadeau. Les chansons du premier album de Carla Blanc, Wonderful, parlent peut-être moins d’ailleurs de désir physique au sens strict du terme, que du plus humain des désirs: celui d’entrer en contact avec l’autre, de goûter avec intensité l’occasion qui se dresse devant nous, de porter chaque instant à son paroxysme.

L’adjectif « sensible » prend ici sa pleine signification: c’est par le chemin de nos corps que ses refrains se fraient leur chemin, pour se loger dans cette partie de nous où brille la beauté. Chez Carla Blanc, exulter est un verbe de partage et le plaisir, qu’il soit sexuel, amical ou artistique, une joie à approfondir avec application et bienveillance.

Ce n’est peut-être pas un hasard si, avec ses collègues Frannie Holder et Vincent Legault, au sein de Dear Criminals, Lavoie a été partie prenante d’une multitude de projets associés au cinéma (Nelly, film pour lequel le trio a remporté l’Iris de la Meilleure musique originale), à la télé (Fatale-Station), à l’opéra (SEX’Y, présenté à l’Opéra de Paris), au théâtre, à la danse contemporaine ainsi qu’aux arts visuels. C’est sans doute parce que le créateur sait s’adresser à ce qu’il y a d’universel en tout être humain, quelque chose qui se résume à cette soif de savoir que nous ne sommes pas seuls.

C’est ça: la musique de Carla Blanc a la chaleur d’une étreinte qui, ne serait-ce que le temps d’une chanson, abolit toute solitude.